13 nov. 2005

Réponses aux questions

bonjour
je m'essaie au blog parce que c' en bloguant qu'on deveint blogueur, isn't it?
je mets donc ici mes réponses, que j'avais mises sur le forum et que je viens d'intégrer au plan final mais découpée pour correspondre au plan. Ici, je peux mettre l'intégral non morcelé.


Je ne pense pas que la CMO et les sms aient inventés une nouvelle langue. En effet, il est naturel et fort répandu qu'un groupe de personnes s'inventent un "code" particulier pour communiquer. Je ne reviendrai pas sur les différentes formes d'argots, de dialectes sociaux, de parlers particuliers à un groupe, etc. mais jusque là il s'agissait de communiquer à l'oral. La correspondance restant un fait particulier, qui, je pense, n'est pas le support privilégié de ces formes langagières : la lettre reste un médiateur normé, à mon sens. ( je mets à part les cartes postales qu'on envoie l'été, dont le contenu est rarement élaboré.) Je ne pense donc pas que les MSM, mails, blogs, etc. aient inventés une nouvelle forme de communication. En ce sens, l'impact qu'ils ont sur le langage n'est ni positif, ni négatif. Car l'évolution la plus significative, ce n'est pas l'invention d'un "code" particulier pour échanger, mais le fait que ce soit un phénomène écrit. Pour moi, le point le plus important c'est cette sorte de démocratisation de l'écrit qui était jusque là réservé à une langue relativement normée. Cependant, il faut, à mon sens limiter aussi l'impact d'une telle révolution. Les phénomènes d'abréviations et d'écriture phonétiques ne sont pas nouveaux. Et je citerai en premier notre cas :
- Les étudiants ont habituellement recours aux abréviations dans le cadre des prises de notes, dans un soucis d'efficacité, de rapidité, et de concision. Chacun emploie les abréviations traditionnelles ("dans" = "ds", "pour" = "pr"…) , et chacun développe les siennes propres, selon son principe de raccourcissement (les premières lettres du mot, que les consonnes du mot, un symbole particulier…). Et je ne pense pas que les étudiants perdent de leur capacité à écrire les mots en entier ni à construire les phrases dans leur intégralité. Je pense qu'on fait la différence entre les deux fonctionnements. Par exemple pour la phrase "nous ne pensons pas que le temps aujourd'hui soit beau", nous n'écrirons pas dans nos partiels "ns pensons pas q tps auj soit bo", ce que par contre, nous pourrons très bien retrouver dans nos cours (mettons à part la platitude d'un tel exemple pour un cours de master 2 !) Comme disait quelqu'un sur le forum de Chantal Charnet, je pense que chacun s'adapte à son interlocuteur : de la même manière qu'à l'oral, on arrive à avoir une discussion avec un prof sans jurer tous les deux mots, on peut aussi parvenir à garder un écrit convenable dans un partiel. Et cela ne nous empêche pas de parler comme un charretier et de dialoguer en phonétique sur MSN avec ses amis.
- Et il existe de nombreux cas où le recours aux abréviations, ou aux symboles pour remplacer les mots, est de règle. Toujours dans les mêmes buts de concision, d'efficacité… (mais là les exemples me manquent…)
- Par contre, dans le cas des SMS, le principe d'économie de toute langue se voit ici relayé par un principe d'économie financière : il faut dire le plus de chose avec un nombre de caractères le plus petit possible. L'écriture phonétique permet ainsi de raccourcir toutes les diphtongues, d'employer le son des lettres de l'alphabet ("té" devient T), etc…
La question de savoir si l'utilisation des SMS et autres CMO provoque des erreurs d'orthographe et de grammaire, devrait être traitée de manière approfondie par des spécialistes (quel merveilleux corpus pour les linguistes de demain !). Ici, nous ne pouvons donner que des avis, sans gd fondement scientifique. Personnellement je pense que l'important pour les élèves est de photographier les mots (par la lecture notamment), de les connaître par différents biais, mais qu'il ne faut pas les empêcher de jouer avec eux. Il me semble que la langue est un objet malléable, que tout le monde peut (et doit) s'approprier pour pouvoir en profiter pleinement. Tout le monde connaît plus ou moins la norme, et chacun peut l'enrichir de ses propres particularités. Il est vrai qu'on a tendance à autoriser les fautes lorsqu'elles sont commises par des "tronches" et non par des élèves parce qu'elles ne témoignent par d'un contournement de la langue conscient mais d'une méconnaissance de celle-ci. Doit-on pour autant empêcher les moins-initiés de jouir du langage, sous prétexte qu'il ne sont pas assez savant ? Je ne sais pas (mais pour moi, si même la langue cesse d'être démocratique, où allons- nous ?). De plus, les problèmes d'orthographe et de grammaire ne datent pas de l'invention des SMS ! il ne faut pas mettre sur le dos des téléphones portables et de l'ordinateur un problème qui ne dépend pas d'eux mais bien de la pédagogie éducatrice. Alors la question n'est pas de savoir si ils provoquent les fautes, mais si ils les empirent. Là je ne sais pas.
Pour ce qui est de la CMO, je pense que les abréviations sont pour beaucoup dus à la non-maîtrise de la dactylographie. Car si taper à l'ordinateur est devenu une pratique quasi-quotidienne pour tous, peu sont ceux qui savent réellement (je veux dire efficacement) la pratiquer. Personnellement, j'ai appris à taper "à l'aveugle", et il m'est plus facile de taper directement les mots que de chercher les abréviations (surtout numériques), c'est pourquoi mes messages sont généralement en toute lettres. De plus j'ai enregistré dans mon ordi toutes mes abréviations principales, et il rectifie ces tics devenus inconscients tout seul. Quel soulagement ! Pourtant, il me reste toujours un problème avec les partiels écrits, que je parsème d'abréviations, et que je n'arrive plus à voir, même après de multiples relectures. Par contre, je ne suis pas adepte de l'écriture phonétique, que je dois lire à haute voix pour comprendre et qui m'est encore très étrangère (je n'ai pas de téléphone portable !).

Marion

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