27 avr. 2009

Comparaisons interculturelles (ii)


Dans son rapport d’étude de mars 2006, Chantal de Gournay examine une comparaison internationale de l’aménagement domestique des médias. Sur l’axe de la polarisation des usages sur un média exclusif versus une cohabitation entre filière, Tokyo incarne la polarisation maximale sur le mobile devenu un objet communicant universel, tandis que Londres présente la diversification la plus complète des usages disséminés sur plusieurs supports. L’indicateur d’une telle diversification réside dans le nombre élevé d’ordinateurs portables dans les foyers londonniens, qu’on déplace à l’extérieur de la maison aussi bien qu’à l’intérieur grâce au Wi-Fi, témoignant que l’ordinateur tend à devenir un outil aussi personnel, maniable et universel que le mobile. Après Londres, ce sont les Franciliens et les Réunionnais qui sont les plus réceptifs à la diversification des supports de communication. Au moment de l’enquête, c’est seulement dans ces trois contextes qu’on a pu repérer l’émergence de Wi-Fi et du Bluetooth, ainsi qu’une circulation des contenus entre supports (photos et musique, entre PC et mobile, de PC à PC par Internet, de mobile à mobile par Bluetooth ou MMS), alors qu’à Madrid, par exemple, on ne transfère pas les photos sur l’ordinateur, on ne les envoie pas par Internet, on se contente de les montrer aux tiers par l’écran du mobile, et surtout on les fait éditer dans une boutique. À Tokyo, la quasi-totalité des photos circulent par le mobile (MMS). Les modes de communication interpersonnelle se spécialisent selon d’abord une préférence pour l’écrit sur mobile (SMS ou mobile-mail dans le cas japonais) et Tokyo en tout lieux ; les jeunes de tous pays ; Londres (seulement au travail ou à l’extérieur), Canton (surtout chez les travailleurs migrants). La préférence de l’écrit chez les adultes marques un respect de la bienséance et des codes sociaux, en laissant au destinataire une liberté de réception dans le temps différé et dans la discrétion avec l’entourage, tandis que chez les jeunes elle correspond à la quête d’un mode d’expression inventif, compatible avec un interactivité quasi en temps réel, et identifié avec le groupe d’âge. Ensuite on trouve une préférence pour l’écrit sur l’ordinateur (courriel, messagerie instantanée), la pratique du courriel est répandue à Londres, plus partielle à Paris (plutôt sur le lieu de travail). La messagerie instantanée est pratiquée partout par les jeunes (en Chine, dans les cybercafés), comme le SMS. A la Réunion, elle se diffuse en raison des relations à distance entre les communautés ethniques et leurs familles dispersées en métropole ou dans le monde (éventuellement associée à la webcam pour entretenir le lien affectif).

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